Transcription et exploitation pédagogique d'une vidéo

Publié le par FLE BAT

Démarches pour faire d’une vidéo un outil pédagogique, exemple à partir de celle de Nicolas Blaisot 

Voici, surlignées,  les difficultés de perception auditive rencontrées, par un étudiant non natif, à la transcription de cette vidéo.

 

 « J’ suis maçon depuis trois ans dans une entreprise qui fait des chantiers assez importants… Faut avoir l’envie de construire quelque chose de ses propres mains.

Chaque tâche est différente.

Le chef de chantier donne un objectif journalier aux chefs d’équipes.

Après, le chef d’équipe distribue le travail aux gars.

On a une tâche à exécuter avec un résultat à la fin de la journée.

On est assez solidaire les uns des autres.

Au fur et à mesure euh d’enchaîner les petits boulots d’été, j’ai goûté au métier du bâtiment par hasard. J’ai trouvé ça intéressant. Le contact que j’ai eu avec les gars pendant ces petits boulots, c’était assez agréable quoi. Donc euh ça m’a donné l’envie de continuer.

Un chantier, c’est vrai, c’est un endroit assez difficile euh. Faut quand même être assez sérieux.

Faut avoir de la rigueur au niveau de la sécurité. [Gauche, en haut, là]

[Là je vérifie la stabilité du coffrage, c’est le moment fatidique de la journée en fait, quand on coule not’ mur ou not’ plancher]

Le métier de maçon a quand même une image euh d’être un métier assez grossier. Alors que ce n’est pas forcément le cas. Dans la réalité, on doit sortir un travail assez parfait.

On conçoit en fait le euh support de tous les autres métiers du bâtiment : les plaquistes, les carreleurs, les couvreurs viennent derrière nous, sur notre support. [oh, il conduit bien]

En tant qu’ouvrier-maçon, j’ai vraiment euh la sensation de participer à un chantier.

J’démarre en bas d’l’échelle, mais je sais qu’un jour je j’occuperai un poste plus important euh au fil des années… »

 

Ces difficultés concernent   

la perception fine des déterminants : des chantiers, un objectif, les uns des autres, ces petits boulots, un chantier, ou not’ plancher, le métier de maçon.

La perception de prépositions : à, sur.

La perception fine des pronoms : on a une tâche, j’démarre, je j’occuperai.

La perception de locutions verbales : faut avoir l’envie de, j’ai trouvé ça, ça m’a donné l’envie, c’est un endroit, d’être un métier assez grossier.

L’usage des petits mots que constituent les auxiliaires être et avoir : on a, j’ai eu, c’était, ça m’a donné, quand même être, le métier de maçon a quand même une image.

La connaissance du vocabulaire : chefs d’équipes, enchaîner, la rigueur, je vérifie la stabilité, fatidique, dans la réalité, en tant qu’ouvrier-maçon, en bas d’l’échelle.

 

Si nous voulons utiliser au mieux la vidéo, nous suggérons de suivre plusieurs étapes, pour arriver de la compréhension générale, à la compréhension fine, de la compréhension orale à la production orale, en passant par quelques notions de grammaire et de syntaxe.

Ces étapes auront des durées différentes selon le nombre d’apprenant dans le groupe classe et seront découpées différemment aussi selon la durée du cours.

Ici, les parties compréhension et productions orales, pour une quinzaine d’apprenants, peuvent utiliser 140 minutes, ce qui correspondrait bien à trois heures de formation, c'est-à-dire une matinée ou une après-midi. Les prolongements feront l’objet d’une autre séance.

 

COMPREHENSION ORALE

Première étape, 15 mn: visionner la vidéo sans le son. Les apprenants pourront ainsi d’abord repérer le contexte, un personnage central que l’on suit sur un chantier. Le personnage sera décrit à travers son âge (il a … ans, il a peut-être …, peut-être qu’il a …) son apparence physique (taille, allure, habits) son rôle (c’est un ouvrier, on dirait un…, on le voit avec…). Le contexte sera décrit également, le chantier, l’état des lieux, les différents acteurs en fond, les outils utilisés (on peut voir…, j’observe …, là il y a…, y’a…, ici c’est…). Le formateur-trice- note au tableau le vocabulaire et les expressions utilisées par les apprenants. On peut travailler avec différentes colonnes : expressions de la description, expressions de l’hypothèse, vocabulaire descriptif, vocabulaire technique, verbes en contexte. Toutes ces premières notes sont écrites dans une seule couleur de marqueur ou de craie. L’intérêt de cette étape est que nous partons des connaissances des apprenants, qu’elles sont mises en commun et que c’est d’abord la qualité d’observation qui est requise. Le besoin d’expression vient spontanément car celui qui est présenté dans la vidéo est un ouvrier du bâtiment, comme eux.

Deuxième étape,15 mn  : visionner avec le son, d’abord entièrement, les deux minutes et douze secondes. Une mise en commun de ce qui a été compris peut-être faite : précisions sur la personne qui offre son témoignage, sur ce qu’elle décrit de son travail. Les ajouts de mots dans les colonnes déjà constituées se font dans une autre couleur d’écriture. La colonne « technique » devrait bien se remplir : fondations, éléments porteurs, murs, poutrelles, planchers, chantier, chef de chantier, chef d’équipe, stabilité du coffrage. Une colonne « qualité du maçon » peut être ouverte : solidaire, sérieux, rigueur, sécurité, travail parfait. Si d’autres mots, non employés par Nicolas Blaisot, viennent aux apprenants, il est bon de les noter aussi.

Troisième étape, 4 mn, avec les consignes: proposer un texte à trou pour familiariser l’apprenant à l’écrit. Ce support écrit est davantage envisagé comme  un jeu qui consisterait à capter les petits mots (auxiliaires, déterminants, prépositions) que comme une tâche de production. La vidéo est revue et écoutée une troisième fois donc, crayon à la main.

Quatrième étape, 15 mn  : échanges à l’oral sur la compréhension : ce qui a été bien compris et ce qui reste obscur. Des petites questions peuvent amorcer cet échange. Comment s’appelle le maçon ? Dans quel type d’entreprise travaille-t-il ? Quelles sont les qualités d’un maçon selon lui ? Comment est-il devenu maçon ?

Cinquième étape, 10 mn : compréhension fine d’un passage de 30 secondes (). On aura récupéré préalablement le support écrit. On projette seulement cet extrait, qu’on interrompt à chaque phrase. Un apprenant volontaire peut prendre les notes au tableau de ce que ses collègues et lui-même ont compris.

Chaque tâche est différente.

Le chef de chantier donne un objectif journalier aux chefs d’équipes.

Après, le chef d’équipe distribue le travail aux gars.

On a une tâche à exécuter avec un résultat à la fin de la journée.

On est assez solidaire les uns des autres.

Un point sur l’usage et la conjugaison, 10 mn,   de « être »et de « avoir » au présent ainsi que des verbes du premier groupe trouve bien sa place ici.

 

PRODUCTION ORALE

Objectifs : savoir formuler une question, savoir se présenter, pouvoir parler de son métier.

Les étapes suivantes peuvent avoir lieu lors de la même séance de cours ou à la séance suivante, selon qu’on désire ou non travailler quelques points de conjugaison, les verbes avoir et être, les verbes du premier groupe, au présent (cf extrait ci-dessus)

Quatrième visionnage de la vidéo, avec le son.

Par deux ou trois, 1O + 20 mn, les apprenants devront préparer quatre questions à poser aux autres équipes, sur la vidéo. Ils peuvent demander de l’aide au formateur pour formuler le plus correctement possible ces questions. Un « maître du jeu » est désigné, qui distribue la parole et veille à ce que chaque équipe ait posé ses questions à ce que chaque équipe ait répondu quatre fois également.

Puis, individuellement, chaque apprenant prépare une présentation de lui-même , 10 mn : comment il se nomme, son âge, sa formation, son expérience, sa profession et ce qu’il aime dans ce métier (ou pourquoi il l’a choisi). Ensuite, chacun se présente devant le groupe, 2 mn par personne. On peut se retrouver sur la plateforme de chantier et  simuler une caméra afin d’être dans  l’ambiance de la vidéo. Si cela est possible, on peut filmer et enregistrer les prestations afin de retravailler la prononciation et l’expression la rencontre suivante (cela demande plus de temps).

 

PROLONGEMENTS

Si cela a été possible de filmer les apprenants, il s’agit de retravailler les présentations, surtout du point de vue de la prononciation. C’est d’abord à l’intervenant lui-même de s’essayer à rectifier la prononciation puis s’il n’y arrive pas, avec l’aide des collègues et enfin, celle du formateur. 

Des vidéos du même type peuvent être décryptées par les apprenants, en binôme, puis être présentées aux autres. Les vidéos montrant Franck, Matthieu et Arnaud se prêtent bien à ces échanges.

Publié dans transcription

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